Agroécologie et solaire : deux atouts pour Wandé

[Le lecteur pressé trouvera un résumé ici…]

MAJ : Projet soutenu par WBI pour 2025

Ce projet a été élaboré grâce à une collaboration étroite entre Malem-Auder ONG et Ingénieurs Sans Frontières. Il est présenté à Wallonie Bruxelles International pour une demande de financement avec un objectif de réalisation en 2025-2026.

« Amélioration de la nutrition et autonomisation d’un groupe de femmes maraichères dans le village de Wandé, Sénégal »

Depuis 2014, Malem-Auder mène des projets relatifs aux périmètres maraichers (dans les écoles au départ, au profit de groupements depuis 2017).

La mise en place de ces périmètres maraîchers permet de contribuer à de nombreux objectifs de développement durables soit directement : lutte contre la pauvreté et la faim, amélioration qualitative de la nourriture, lutte contre la discrimination liée au genre ; soit indirectement :  amélioration de la gestion de l’eau, accès plus facile aux soins de santé et à l’éducation.

La mise en place d’une activité économique a un impact sur le développement économique et social non seulement du groupement mais également des habitants du village.

L’expérience de notre association en matière de mise en place de périmètres maraîchers est maintenant importante et montre dans tous les villages associés des résultats positifs tant pour la génération d’activités que pour les revenus.

Pour les femmes, il s’agit le plus souvent de leur premier revenu propre.

L’agroécologie porte ses fruits et sa vulgarisation s’étend.

L’accès à l’eau pose un problème tant par sa faible disponibilité lorsque qu’un forage moderne est présent que par son coût. Pourtant, dans de nombreux villages, d’anciens puits, encore fonctionnels mais fermés, existent et sont remis en service lors des pannes de forage par exemple.

Ces puits sont très profonds (entre 35 et 70 m dans la zone) mais chacun d’eux est à même de permettre l’irrigation d’une surface maraichère d’un hectare. Il faut noter que le présent projet vise à valoriser environ la moitié de cette superficie dans un premier temps. L’extension future, en cas de pleine réussite, pourra être réalisée sur fonds propres du groupement.  Une récente expérience dans un village du même type a permis de constater qu’il était possible de booster de manière remarquable les revenus liés aux espaces maraîchers en facilitant l’accès à l’eau gratuite. Les villages de Boulel et Bangadj ont en effet bénéficié d’une installation de pompes solaires qui a permis de fournir, à un coût nul, une eau de qualité suffisante pour les maraichages.

Il est évident que l’utilisation d’une eau pure, potable mais d’une disponibilité plus rare doit être évitée dans des maraîchages où une eau de moindre qualité est suffisante. Dans la région d’ailleurs, certains propriétaires de forages privés refusent que l’eau issue de ces forages soit utilisée pour d’autres besoins que les besoins humains.

En 2020-21 et en 2023, en collaboration technique avec Ingénieur Sans Frontières, trois réhabilitations de puits avec pompage solaire ont été mis en place avec succès. Deux de ces projets ont été financés par la Fondation Elisabeth et Amélie, le troisième par Wallonie-Bruxelles-International.

L’impact de ce type de projet dans la zone est très important et, lors de la journée de sensibilisation à l’agroécologie (projet Navarène 2023), le groupement de Wandé a pris contact avec les responsables sénégalais de Malem-Auder afin de voir les conditions d’un partenariat visant à mettre en place un nouveau projet.  Il faut noter également qu’une personne-ressource, un facilitateur, M. Ndao Babacar, est présent et actif dans 3 des villages ciblés (Bangadj, Navarène et Wandé). Ce point constitue un atout non négligeable en cas de difficulté car la rapidité de la réaction adéquate est garantie.

Cette ébauche de partenariat a permis d’analyser les besoins du groupement, ses forces et ses faiblesses. Des contacts avec la commune de Dianke Souf ont permis très rapidement d’obtenir un terrain faisant partie du domaine public et de l’affecter au groupement. De manière volontariste, les membres du groupement ont commencé à déblayer, défricher et aplanir le terrain.

L’objectif général du projet est donc de développer les activités de maraichage, génératrices de revenus, en installant un espace maraîcher d’environ 7000 m² en équipant celui-ci et en réhabilitant le puits existant qui sera pourvu d’une pompe immergée alimentée par des panneaux solaires.

Les activités maraîchères devront permettre au groupement d’obtenir des revenus à même d’améliorer les conditions de vie, particulièrement en termes de santé et d’éducation.

Le projet

Nous visons 4 axes :

  • Formations (Objectif spécifique 1)

Formation en gestion de projet et dynamique organisationnelle.

Formation en agroécologie, agroforesterie et lutte contre les nuisibles.

Formations techniques d’appoint (diagnostic de santé d’un puits, surveillance et nettoyage d’une pompe solaire).

Élaboration d’un manuel des bonnes pratiques pour lutter contre les criquets.

  • Infrastructures (OS2)

Sécurisation du périmètre par grillage doublé de haie vive.

Réhabilitation du puits par pose d’une pompe à énergie solaire.

Construction de bassins de stockage d’eau.

Construction d’un abri avec hangar pour le stockage du matériel.

  • Equipements (OS3)

Fourniture du matériel de maraîchage nécessaire.

Fourniture des semences pour démarrage du périmètre.

  • Sensibilisation (OS4)

Capitalisation des expériences des groupements bénéficiaires des pratiques de maraîchages agro-écologiques de la commune de Dianke Souf

Sensibilisation au développement continu des activités maraîchères et à la valorisation des acquis.

Le projet « Agroécologie et solaire : deux atouts pour développer le travail de Yookku Koom-Koom de Wandé » vise à donner les moyens d’exercer une activité rentable à un groupement essentiellement féminin mais soutenu par des hommes.

En jaune la superficie totale reçue de la communauté villageoise; en rouge, la délimitation finale du terrain.
  • Objectif général du projet : Augmenter les revenus du groupe-cible

La production de légumes permet une augmentation substantielle des revenus du GIE grâce à l’apport en eau et aux bonnes pratiques maraîchères

  • OS1 :      
    Augmenter les capacités et compétences en gestion de projet, en dynamique organisationnelle et en techniques agro-écologiques et agroforestières et lutte contre les nuisibles au sein du groupement
    Augmenter les compétences techniques de personnes ressources afin de pouvoir gérer l’environnement (puits) et le matériel (pompe solaire) et, le cas échéant d’alerter un professionnel.
  • OS2 :      
    Réhabiliter le puits par un système solaire, sécuriser le périmètre par une plantation de haie vive, construire des bassins de stockage d’eau et un abri hangar.
  • OS3 :      
    Equiper le maraîchage, fournir les semences.
  • OS4 :      
    Sensibiliser la population à l’intérêt sanitaire et économique de l’agroécologie et les responsables des groupements bénéficiaires, au développement des activités maraichères et à la capitalisation des acquis.

Cible directe :     le GIE « Yookku Koom-Koom » de Wandé

C’est le GIE qui bénéficie des retombées économiques directes du projet.

Cible indirecte :                 

* les quelque 2000 habitants du village. La disponibilité de légumes bio dans le village évite le déplacement vers les marchés régionaux.
* La commune de Dianke Souf et les groupements actifs dans les maraichages au niveau départemental sont sensibilisés au développement possible de leurs activités, éventuellement par une synergie des forces.

Résultats attendus 

Résultat général : La production de légumes sains permet une augmentation substantielle des revenus du GIE grâce à l’apport en eau et aux bonnes pratiques maraîchères

Le terrain sécurisé et équipé peut permettre une production importante même si les conditions (dates d’hivernage et conditions climatiques normales) ne sont pas réunies.

Le bénéfice annuel de l’activité par les ventes locales ou au marché peut dépasser 2.000.000 CFA (environ 3.000 €) soit un revenu important pour le GIE (le revenu moyen par jour par habitant est environ 0,90€ dans la région).

Dans la zone cible, la disponibilité et le prix des denrées maraîchères varient beaucoup au cours de l’année : à partir de janvier jusqu’à août, certains légumes sont introuvables ou trop chers. Les quelques maraîchages qui fonctionnent toute l’année grâce à une bonne disponibilité en eau peuvent sans difficulté écouler leurs marchandises.

La qualité et la diversité des productions maraîchères permettent une amélioration globale de l’alimentation des familles concernées par le maraichage. 

Au-delà de la commercialisation des légumes sur le marché local, le projet vise également à assurer aux membres du GIE et à leur famille une nourriture saine et variée. Lorsque c’est un GIE qui gère ce type de maraîchage, les premiers bénéficiaires sont les membres du GIE et leur famille. L’impact sur la qualité et la diversité de l’alimentation est donc très important.

OS1 :             Augmenter les capacités et compétences en gestion, en dynamique organisationnelle et en techniques agro-écologiques, agroforestières et lutte contre les criquets au sein du groupement

Résultat 1 : Un programme global de formations est mis en œuvre au profit des membres actifs du GIE

  • L’association COUMBISSA, basée à Mbour, propose une formation en agroécologie et agroforesterie d’une durée de 20 jours (avec un suivi de 24 mois). Cette formation vise à donner les bases des techniques agro-écologiques à la moitié des membres du GIE (fabrication d’engrais et de pesticides naturels, concept de cultures mélangées, plantation d’arbustes…)
  • Les responsables de Malem-Auder assurent les formations en dynamique organisationnelle et gestion de projet. La formation en dynamique organisationnelle donne les bases permettant de tenir à jour les comptes du GIE. Les responsables locaux de l’association ont la charge d’aider le GIE à tenir ces comptes. Habituellement, les bénéfices de ce type d’activité, avant d’être versés aux bénéficiaires, font l’objet de micro-crédit sous forme de tontine.

Résultat 2 : Une formation et des expérimentations pour limiter les problèmes liés à l’invasion de criquets sénégalais.

Un constat effectué dans les premiers mois de 2024 est que la présence de criquets semble en augmentation. Il est probable que ces nuisibles apparaissent plus fréquemment dans la zone vu la nouvelle disponibilité de végétaux grâce aux différents maraîchages mis en place.

Mr Alhousseynou Sarr, biologiste doctorant à l’UCAD (Dakar), mandaté par Malem-Auder ONG, a mené une consultation avec les responsables FAO au Sénégal et en Algérie. Ces discussions ont révélé que l’acridien présent dans la région de Kaffrine est le criquet sénégalais (Oedaleus senegalensis). Bien que ce criquet soit moins dangereux que le criquet pèlerin (Schistocerca gregaria), il reste une menace pour les cultures maraîchères et agro-écologiques locales. Mr Alhousseynou Sarr propose des stratégies de prévention et de lutte adaptées à cette espèce et de mener des expérimentations visant à maîtriser la pullulation des criquets. (Annexe -3).

La formation des GIE, l’utilisation de techniques écologiques et la collaboration avec les organisations locales sont des éléments clés pour réussir dans cette démarche.

Une formation spécifique (lutte contre les criquets sénégalais) de 3 jours combinant théorie et pratique est assurée par Alhousseynou : comprendre le cycle de vie des criquets ; maîtriser les techniques de prospection pédestre ; apprendre les méthodes de lutte physique.

  • Un livret manuel simple et accessible des bonnes pratiques permettant de lutter efficacement contre les criquets est mis à disposition des groupements actifs dans les villages bénéficiaires et des services techniques du département.

Le suivi et surtout le rapportage des résultats des différents aspects du projet seront assurés par la personne-ressource du GIE et les responsables de Malem-Auder.

OS1 :             Augmenter les compétences techniques de personnes ressources afin de pouvoir gérer l’environnement (puits) et le matériel (pompe solaire) et, le cas échéant d’alerter un professionnel.

L’expérience des projets précédents montre que l’on ne peut négliger les aspects matériels et techniques. Le puits, aussi bien soit-il réparé au départ, doit être vérifié régulièrement et désensablé. La pompe solaire est un outil technique performant mais qui doit faire l’objet de toutes les attentions et qui nécessite une vérification et un entretien réguliers. On imagine bien qu’un problème de panne en pleine période sèche sera très vite sanctionnée par une perte importante de produits et donc de rentrées financières.

Nous prévoyons deux manières d’écarter ces risques :

D’abord en prévoyant l’achat d’une seconde pompe, de réserve, qui sera mise à disposition des 3 groupements qui ont bénéficié de la même installation technique (Navarène, Médina Safa et Wandé).

En cas de panne et de réparation nécessaire, la pompe de secours peut être mobilisée et installée endéans les 48 heures par un technicien local.

Ensuite, nous mettrons en place deux formations spécifiques à destination de 5 personnes-ressources issues des 5 villages bénéficiant du même type de projet (Boulel, Bangadj, Navarène, Médina Safa et Wandé).

Résultat 3 : 5 Personnes-ressources sont à même d’établir un diagnostic d’état du puits et de la pompe afin de permettre l’intervention d’un professionnel en cas de nécessité.

  1. Les formés auront la capacité d’établir le diagnostic de l’état du puits à partir de l’état antérieur afin de permettre le cas échéant l’intervention d’un professionnel. Cette formation sera assurée par le puisatier Baye Ndao dont les compétences sont reconnues au niveau départemental.
  2. Les formés auront la capacité d’effectuer le nettoyage et l’entretien de la pompe ou, si nécessaire d’établir le diagnostic d’une panne afin de faire intervenir le professionnel compétent. Cette formation sera assurée par Massamba Lô, fournisseur du matériel de pompage solaire.

OS2 :     Réhabiliter le puits par un système solaire, sécuriser le périmètre par une plantation de haie vive, construire des bassins de stockage d’eau et un abri

Résultat 4 : Le puits est réhabilité grâce à l’énergie solaire

Le puits de Wandé a été vérifié, en préparation de ce projet, par le puisatier et par le service des Eaux et Forêts. L’historique du puits montre que sa capacité en eau ne fait pas défaut en saison sèche. Mais comme le puits est inutilisé depuis une dizaine d’années, il nécessite un solide nettoyage et diverses réparations.

Un entrepreneur spécialisé met en place l’équipement solaire nécessaire à la réhabilitation du puits : panneaux solaires, pompes immergées à fort débit et bassins de rétention.

Le débit prévu (4 m³/h au fil du soleil) permet de maximaliser les arrosages et donc d’obtenir les meilleures chances de bonnes récoltes. L’eau de distribution est ainsi économisée pour servir uniquement aux besoins essentiels (boisson, cuisine, hygiène).

Résultat 5 : Le périmètre est sécurisé et équipé

Le GIE Yookku Koom-Koom a obtenu l’attribution d’une parcelle d’environ 1,8 Ha incluant le puits à réhabiliter.

Un peu plus de 7000 m² de ce terrain seront sécurisés par la pose d’un grillage doublé d’une haie vive. Les arbustes épineux, en grandissant, permettent d’éviter la divagation des ruminants.  Cette technique, utilisée de longue date par l’association Malem-Auder, permet de limiter les coûts de sécurisation tout en insistant sur l’importance des enjeux environnementaux et de reforestation grâce à la plantation d’environ 800 arbustes.

Le matériel nécessaire aux cultures est fourni dès la formation.

Résultat 6 : Cinq bassins de stockage d’eau et un abri sont construits

Lors du pompage de l’eau du puits au fil du soleil, l’eau pompée s’écoule vers 5 bassins de 3 m³ en béton construits et répartis sur le périmètre grâce à des conduites en pvc installées dans le sol. Cette technique éprouvée permet de faciliter le travail d’arrosage du groupement. Les femmes utilisent des arrosoirs de 10 l.

Un abri hangar 4,00×3,00 est construit pour le stockage du matériel, des semences et de la récolte.

OS3 :             Équiper le maraîchage et fournir les semences

Résultat 7 : Du matériel de maraîchage et un choix de semences sont mis à disposition du groupement.

Les responsables de Coumbissa (en charge de l’aspect « formation ») ont établi une liste du matériel nécessaire pour le travail de maraichage ainsi que de diverses semences permettant de lancer la première campagne. Ce matériel est prévu en nombre suffisant puisque l’habitude de travail veut qu’il y ait un roulement continuel parmi les membres du GIE actifs sur le périmètre.

OS4 :             Sensibiliser la population à l’intérêt sanitaire et économique de l’agroécologie, et les responsables des groupements au développement des activités maraichères et à la capitalisation des acquis.

Résultat 8 :  Un forum des représentants des 5 villages bénéficiaires de ce type de projet est organisé dans la commune de Dianké Souf pour permettre une capitalisation des acquis.

Les différents partenaires de Malem-Auder dans les 5 villages bénéficiaires sont invités à une journée d’échange et de capitalisation autour de cette expérience agro-écologique à large échelle. L’objectif est d’identifier, analyser, expliciter et modéliser le savoir acquis pour que d’autres groupements au niveau départemental puissent se l’approprier et l’adapter. Ces activités maraîchères basées sur l’utilisation de puits réhabilités font partie des paramètres du développement durable et de la sécurité alimentaire mais aussi en tant qu’activité génératrice de revenus. La journée sera animée par les services techniques départementaux et les responsables de l’ONG Malem-Auder.

Le budget global de ce projet est de l’ordre de 50.000 €